Aider votre enfant à s’exprimer
Les réactions possibles de votre enfant
Tout comme vous, votre enfant réagit à l’annonce de son cancer en exprimant les mêmes types d'émotions. Cela dépend également de son âge et de son degré de compréhension de la maladie. La réaction des gens qui l’entourent a aussi de l’influence.
Parmi les réactions possibles, il y a :
- Le choc : votre enfant ne comprend pas ce qui lui arrive, surtout s’il ne se sentait pas malade avant le diagnostic. Le choc peut être tel que votre enfant peut nier la réalité et refuser de parler de sa maladie.
- La peur, l’inquiétude et l’anxiété : l’hôpital, les tests et les traitements à venir sont source de stress. Certains enfants peuvent aussi avoir peur de mourir. D'autres se préoccupent des conséquences de leur maladie sur la famille. Les enfants sont capables de cacher leurs émotions pour ne pas inquiéter leurs parents et leurs frères et sœurs.
- La colère : c’est une autre réaction normale après l’annonce du diagnostic. Votre enfant est fâché que cela lui soit arrivé et n'accepte pas tous les examens et médicaments à prendre. Le séjour à l'hôpital et la perte d’intimité et de liberté peuvent aussi être source de colère et de sentiment d’injustice.
- La culpabilité : votre enfant peut penser qu’il est responsable de ce qui lui arrive parce qu’il s’est mal comporté ou a dit quelque chose de mal. Il peut aussi se sentir responsable du chamboulement à la maison et de l'inquiétude de ses proches.
- La tristesse et la dépression : votre enfant peut se sentir triste à l’idée de ne plus pouvoir faire ses activités habituelles et de penser aux longs mois de traitement à venir, avec les changements corporels qui y sont liés. Cette conscience de son quotidien si chamboulé peut être source de périodes de dépression plus ou moins longues.
Selon son âge, votre enfant est encore en train d’apprendre à reconnaître et à exprimer verbalement ses émotions. Il est donc parfois difficile pour lui de décrire ce qu’il ressent et il s'exprime davantage en pleurant, en piquant des colères ou au contraire en se repliant sur lui-même. Vous pouvez aussi constater un changement de comportement comme une régression (pipi au lit, sucer son pouce…).
L’aider à exprimer ses émotions
La difficulté est de trouver le bon équilibre entre exprimer trop ses émotions et ne pas en exprimer du tout. Les enfants réagissent beaucoup aux comportements de ceux qui les entourent. Si vous exprimez très fortement vos inquiétudes, votre enfant sera encore plus stressé et anxieux. A l’inverse, le fait de vouloir cacher ses émotions ou de ne pas parler du cancer pour préserver votre enfant peut le pousser à faire de même et vous risquez de ne pas être en mesure de savoir le soutien dont il a besoin dans cette épreuve.
Si vous êtes honnête avec vous-même, ouvert et franc avec votre enfant, il prendra davantage confiance pour manifester ses émotions. Il réalisera également qu’il n’est pas le seul à éprouver ces sentiments.
Pour aider votre enfant à parler de ses émotions et à les reconnaître, apprenez-lui que les sentiments, aussi intenses soient-ils, ne durent pas toujours.
Vous pouvez lui montrer comment évacuer et exprimer des émotions fortes sans faire de mal aux autres ou à lui-même. Par exemple, en pratiquant des activités physiques et sportives ou des activités artistiques. Certains centres de soins proposent de l’art thérapie qui permet, entre autres, d’exprimer ses émotions et ses maux à travers la peinture, le dessin, le collage,etc.. Renseignez-vous auprès de l'équipe de soins en charge de votre enfant.
Le cas des adolescents
Le cas des adolescents est plus difficile à gérer car bien qu’ils soient en capacité d'exprimer leurs émotions comme les adultes, ils sont généralement dans une phase où ils acquièrent une certaine forme d'indépendance vis-à-vis de leurs parents. Ils peuvent avoir tendance à s'isoler et à refuser le dialogue ou, au contraire, à intensifier l'expression de leurs émotions.
Il faut comprendre que ces moments sont très difficiles à vivre pour eux puisqu'ils sont d’un seul coup coupés de leurs amis et de leur vie sociale. Sans compter les changements physiques apportés par la maladie qui sont particulièrement difficiles à accepter au moment de la puberté. Il est très important de respecter leur intimité.
Pour accompagner votre ado, le mieux est de lui faire comprendre que vous êtes disponible pour lui s’il le souhaite sans le forcer. Parlez de façon optimiste et faites des projets d’avenir, pour les études comme pour les loisirs. Encouragez-le à prendre part au traitement de façon active et laissez-le discuter avec le médecin sans intervenir.
Il est important que votre ado continue à avoir une vie sociale. Aidez-le à garder le contact avec ses amis et à les recevoir dès que cela est possible.
Pour plus d'information, consultez l'espace adolescents jeunes adultes.
Aider votre enfant à s’adapter
La vie de votre enfant change complètement avec la maladie. Il y a beaucoup de choses que vous pouvez faire pour l’aider à s’adapter à tous les bouleversements auxquels il doit faire face pour qu’il puisse continuer de grandir, d’apprendre et de profiter de la vie. En voici quelques unes :
- Préparer votre enfant aux soins. Renseignez-vous bien sur la maladie de votre enfant ainsi que sur les tests et les traitements afin de lui expliquer au mieux ce qui l’attend. Pour cela, vous pouvez utiliser des supports pédagogiques adaptés à son âge (vidéo, livre, BD, jeu, dessin…). Demandez conseil auprès de l'équipe de soins qui a généralement des ouvrages de référence. Vous pouvez aussi contacter des associations via notre carte des associations ou encore consulter notre article sur les ressources utiles.
- Bien manger et bouger. Une bonne alimentation permet de gérer certains effets secondaires et de mieux se rétablir. Essayez au maximum de proposer à votre enfant des aliments sains. Ce qui n’empêche pas de se faire plaisir de temps en temps ! Bien que la maladie et les traitements soient très fatigants, il est bon d’inciter votre enfant à bouger, même un petit peu. Cela a des bénéfices physiques pour limiter notamment la faiblesse musculaires, mais aussi psychologique car l’activité et le jeu rendent votre enfant plus joyeux. Pour en savoir, voir la rubrique “ Maintenir la qualité de vie”.
- Conserver un cadre éducatif. Même malade, votre enfant a besoin de repères et de structure de votre part. Les enfants, surtout les plus jeunes, peuvent tenter de détourner à leur avantage l’état dans lequel ils sont. Il est naturel d’être plus souple et plus tolérant avec un enfant malade. Mais si cela va trop loin, votre enfant peut interpréter ce changement d’attitude comme une permission de faire ce qu’il veut et cela risque de poser des problèmes plus tard, lorsqu’il sera guéri. Pensez également aux frères et sœurs qui peuvent être contrariés de voir que votre enfant malade a le droit de se comporter différemment.
- Inciter votre enfant à être indépendant. Encouragez-le à accomplir seul les gestes du quotidien comme se laver, s'habiller, manger... et donnez-lui des petites tâches à faire comme mettre la table, ranger ses jouets et ses vêtements. Quand cela est possible, laissez-le prendre des décisions, par exemple choisir sur quel bras faire la prise de sang ou dans quel ordre prendre les médicaments, ou encore décider du menu du déjeuner ou du prochain jeu... L’objectif est qu’il sente qu’il maîtrise davantage ce qui lui arrive.
- Soutenir l’apprentissage. À la maison comme à l’hôpital, assurez-vous que votre enfant suive correctement ses cours pour ne pas prendre de retard dans son apprentissage.
- Rester en contact avec ses amis. Encouragez votre enfant à rester en contact avec la famille, ses camarades de classe et ses amis. S’il n’est pas possible de lui rendre visite, il existe de nombreux moyens de garder le lien : mails, réseaux sociaux, vidéos, téléphone, lettres, etc.
- Prendre le temps de s’amuser. Le rire est un très bon moyen d’atténuer le stress. Jouer, regarder une émission ou un film divertissant, écouter de la musique, danser peut aider votre enfant à se détendre.
Comment parler à votre enfant de son cancer ?
Quel que soit l’âge de votre enfant, il est important de lui parler de ce qu’il a. Ne rien dire en espérant le protéger est contre-productif car les enfants s’aperçoivent facilement que quelque chose ne va pas. Il est donc recommandé d'être franc avec lui.
La franchise aidera votre enfant à vous faire confiance et à diminuer ses craintes face à l’inconnu. Il sera plus à même de collaborer s’il comprend l’utilité des traitements par exemple. Le fait de comprendre sa maladie et son traitement est une manière aussi pour lui d’avoir plus de contrôle sur ce qui lui arrive.
Pour vous aider, vous pouvez commencer par demander conseil à l’équipe de soins de votre enfant sur la manière de parler du cancer. Les hôpitaux ont souvent des supports pédagogiques à disposition. Dans un premier temps, l’annonce du diagnostic à l’enfant se fait souvent conjointement par vous et le médecin. Pour en savoir plus sur l’annonce du diagnostic à votre enfant, vous pouvez consulter l’article “ Comment parler à mon enfant ?”.
A la maison, si vous souhaitez discuter avec votre enfant, choisissez un moment où vous vous sentez calme et serein pour ne pas être débordé par vos propres émotions. Privilégiez d’être à deux (l’autre parent ou un proche) pour vous soutenir mutuellement.
Il est conseillé de favoriser des discussions brèves mais régulières et de donner uniquement les informations nécessaires sur le moment. Cela permettra à votre enfant d’assimiler progressivement les informations.
Utilisez des mots simples et directs adaptés à votre enfant. Les expressions trop imagées et les euphémismes sont déconseillées car les enfants comprennent souvent les mots au sens littéral. Ils pourraient mal interpréter le sens de vos paroles. Par exemple, utilisez le mot cancer plutôt que maladie qui peut désigner un simple rhume. Pour vous aider à expliquer le cancer et les traitements à votre enfant, il existe des livres et des dessins animés. Vous trouverez quelques références dans l’article dédié aux ressources et contacts utiles.
Incitez votre enfant à poser toutes les questions qui lui passent par la tête, y compris sur des sujets très difficiles comme la mort, et soyez prêt à y répondre. Si vous n’avez pas la réponse tout de suite, dites-lui que vous allez chercher la réponse et que vous lui répondrez plus tard. En revanche, il est important de s’y tenir et de lui apporter les réponses qu’il attend.
Pour savoir comment parler de la mort en fonction de l’âge de l’enfant, vous pouvez consulter le paragraphe dédié dans l’article “ Soins de fin de vie”.
Quelque soit la réaction de votre enfant et sa façon d’assimiler l’information, l’important est de le rassurer, de l’écouter et de lui faire comprendre que vous êtes là pour lui.