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Les actions de recherche en cancérologie pédiatrique

Mise à jour le 8 févr. 2022

La lutte contre les cancers de l’enfant est une préoccupation de l’Institut national du cancer avec des mesures concrètes mobilisant l’ensemble des disciplines de recherche (fondamentale, translationnelle, clinique, sciences humaines et sociales, épidémiologie, santé publique (SHS-E-SP)).

La stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 encourage la recherche sur ces cancers et renforce le rôle moteur de l’Institut dans ce champ. Quatre objectifs majeurs sont poursuivis : 

  1. comprendre les causes des cancers pédiatriques ; 
  2. identifier de nouvelles pistes de traitement, en particulier pour les cancers de l’enfant incurables ou réfractaires aux traitements existants ; 
  3. favoriser l’accès des enfants aux médicaments innovants ; 
  4. réduire les effets indésirables des traitements et les séquelles à long terme pour les enfants traités pour un cancer.

Pour cela, sont mis en œuvre principalement des appels à projets et des actions de structuration. Les appels à projets et à candidatures coordonnés par l’Institut (financements INCa et DGOS) et par l’INSERM pour l’ITMO cancer d’Aviesan soutiennent des projets de recherche sur les cancers pédiatriques. 

En 2019, en dehors des projets soumis aux appels à projets entrant dans le cadre du financement supplémentaire de 5 millions d’euros, 249 projets soumis aux appels à projets ou appels à candidatures de recherche fondamentale et sciences du cancer, recherche translationnelle, recherche clinique, sciences humaines et sociales, épidémiologie, santé publique ont été  sélectionnés pour financement. Ce chiffre inclut aussi des subventions doctorales en « recherches sur le cancer en sciences humaines et sociales, épidémiologie, santé publique ».
90 projets concernant les cancers de l’enfant ont été soumis aux appels et 25 (28%) ont été retenus pour financement par les comités d’évaluation. Ainsi parmi les 249 projets sélectionnés, 25 (10 %) concernaient les cancers de l’enfant. Le financement total engagé pour l’ensemble des 249 projets sélectionnés est de 86,65 millions d’euros, dont 10,47 millions d’euros pour les 25 projets pédiatriques, c’est-à-dire 12 % du financement total.

En 2020, en dehors des projets soumis aux appels à projets entrant dans le cadre du financement supplémentaire de 5 millions d’euros, 248 projets soumis aux appels à projets et appels à candidatures de recherche fondamentale et sciences du cancer, recherche translationnelle, recherche clinique, sciences humaines et sociales, épidémiologie, santé publique ont été sélectionnés pour financement. Ce chiffre inclut aussi des subventions doctorales en recherche sur le cancer en sciences humaines et sociales. En cette année si particulière, le nombre de projets soumis par les équipes de recherche a été beaucoup moins important : 52 projets concernant les cancers de l’enfant ont été soumis aux appels et 14 (le taux de succès n’a lui pas changé, 27%) ont été retenus pour financement par les comités d’évaluation. Ainsi parmi les 248 projets sélectionnés, 14 (5,6 %) concernaient les cancers de l’enfant. Le financement total engagé pour l’ensemble des 248 projets sélectionnés est de 82 993 842 millions d’euros dont 4 728 992 millions d’euros pour les 14 projets pédiatriques, c’est-à-dire 5,7 % du financement total. 

Actions de structuration

L’identification de nouvelles cibles de traitements nécessite de progresser toujours plus avant dans la compréhension des mécanismes de formation et de développement des tumeurs. Cette compréhension fine passe notamment par l’étude des altérations génétiques présentes dans les cellules tumorales, rendue possible grâce au séquençage du génome des tumeurs.
Le programme portant sur la totalité des tumeurs réfractaires des enfants français fait l’objet d’un financement spécifique dans le cadre de l’essai MappyActs depuis 2015, via le programme hospitalier de recherche clinique (PHRC). Les anomalies identifiées permettent d’orienter les enfants malades vers des essais cliniques adaptés. Le plan France Médecine Génomique a pris le relais depuis juillet 2020.
Dans le cadre du consortium international ICGC (International Cancer Genome Consortium), la France s’est engagée à financer le séquençage complet du génome de deux tumeurs pédiatriques sur les huit qu’elle finance au total : l’un porte sur le rétinoblastome et l’autre sur le sarcome d’Ewing, pour un montant total de 1,7 million d’euros. Un troisième programme, qui porte sur les léiomyosarcomes, concerne également les enfants.
Deux projets de séquençage de tumeurs cérébrales de l’enfant sont portés par d’autres pays partenaires dans le cadre d’ICGC : le Canada et l’Allemagne.

Les enfants atteints de cancers particulièrement complexes, ou qui se trouvent en situation d’échec thérapeutique, doivent pouvoir être orientés rapidement vers des essais cliniques qui leur permettent d’accéder à des médicaments innovants. Une adaptation des essais cliniques à l’arrivée des thérapies ciblées soutenant l’accès aux molécules innovantes a pris forme avec le programme AcSé.
Le programme AcSé (accès sécurisé aux molécules innovantes) est un nouveau type d’essai clinique. Il a été lancé par l’Institut en 2013, en accord avec l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Il met à disposition des patients en échec thérapeutique un accès sécurisé à des thérapies ciblées en dehors des indications pour lesquelles elles ont reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) initiale.
Le programme AcSé se fonde sur plusieurs principes : 

  • la sécurité des patients, car il leur permet de bénéficier, dans un cadre contrôlé, de traitements anticancéreux adaptés aux éventuelles cibles moléculaires identifiées dans leur tumeur par les 28 plateformes de génétique moléculaire, et permet d’étudier l’intérêt de ces molécules innovantes, en termes d’efficacité et de tolérance ; 
  • l’équité d’accès aux traitements sur l’ensemble du territoire français ; 
  • le principe de non-concurrence, car ce programme ne s’inscrit qu’en complément des essais cliniques déjà disponibles et ne se substitue pas aux programmes de recherche et de développement des sociétés pharmaceutiques ; 
  • le programme AcSé est ouvert aux enfants. 

Le premier essai du programme, l’essai AcSé crizotinib promu par UNICANCER, est clos aux inclusions depuis février 2018. Il a inclus 27 enfants. Il a bénéficié d’un financement de l’Institut (200 000 euros) et de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. L’Institut a également financé la réalisation des tests préalables aux inclusions dans l’essai.

L’essai AcSé e-SMART (European Proof- of- Concept Therapeutic Stratification trial of Molecular Anomalies in Relapsed or Refractory Tumours in children), lancé en juin 2016, est entièrement dédié aux enfants, adolescents et jeunes adultes. Premier essai clinique de ce genre en cancérologie pédiatrique, son initiative est française et il est soutenu dans le cadre du consortium européen ITCC (Innovative Therapies for Children with Cancer). AcSé-e-SMART vise à tester plusieurs molécules innovantes (thérapies ciblées, immunothérapies, seules ou en association) au sein d’un seul et même essai clinique, en fonction du portrait moléculaire de la tumeur des enfants établi dans le cadre du projet de recherche clinique MAPPYACTS, soutenu par le PHRC 2014 et depuis juillet 2020 par le plan France Médecine Génomique (PFMG).
Ce programme est promu par l’Institut Gustave Roussy et cofinancé par l’Institut national du cancer (916 152 euros), l’association Imagine for Margo (1 017 929 euros), la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer (999 152 euros) d’une part, et par les industriels qui apportent un financement en plus de la mise à disposition de leurs molécules d’autre part. Cet essai clinique est ouvert dans 4 pays européens : France, Espagne, Pays-Bas, Grande-Bretagne. Au 31 décembre 2020, 157 enfants en situation d’échec thérapeutique ont été inclus dans 10 bras de traitements (136 en France, 4 en Espagne, 8 aux Pays-Bas et 9 en Grande-Bretagne) ; 30 types histologiques de tumeurs sont ainsi étudiés. En France l’essai est déployé sur les 7 centres CLIP² pédiatriques.

Après la première labellisation en 2010, les centres d’essais cliniques de phase précoce (CLIP2) ont fait l’objet d’un nouvel appel à candidatures à la labellisation en 2014 et en 2018 afin d’étendre leurs compétences aux cancers des enfants. En 2014, six CLIP² ont été ouverts à la recherche de phase précoce en cancérologie pédiatrique avec un financement total de 2,4 millions d’euros dont 1,4 million d’euros de la Ligue contre le cancer et 1 million d’euros de l’Institut national du cancer.
Ce sont sept CLIP² qui sont ouverts à la recherche clinique de phase précoce en cancéropédiatrie depuis 2019 (Marseille, Paris, Villejuif, Lyon, Lille, Nantes-Angers, Bordeaux). Chaque CLIP² reçoit 80 000 euros par an, avec pour l’instant un financement de 3 ans attribué pour une labellisation de 5 ans, soit 1 680 000 euros dont 1 200 000 euros proviennent de la Ligue contre le cancer. Dans le cadre des CLIP2, l’Institut, via des partenariats avec les industries du médicament, met à la disposition des investigateurs des molécules en développement. Il permet ainsi de financer, avec la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer, la recherche clinique académique en France. Les industriels ont été avertis de la nécessité de mettre leurs molécules à la disposition des investigateurs pédiatres.
Un projet retenu lors de l’appel 2018 « Molécules innovantes » de l’Institut, en partenariat avec Roche, est financé en 2019 à parts égales par l’Institut et par la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer à hauteur de 1 042 558 euros. En 2020, deux projets retenus lors de l’appel « Molécules innovantes », de l’Institut, en partenariat avec Novartis, sont financés à parts égales par l’Institut et par la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer pour un montant 1 276 721 euros.

L’Institut national du cancer agit également au niveau européen en vue de favoriser le développement des médicaments anticancéreux pour les enfants. Il contribue à l’identification des situations cliniques devant faire l’objet de développements prioritaires et à les porter auprès de l’Agence européenne du médicament, et travaille sur des propositions d’évolution du règlement européen relatif aux médicaments à usage pédiatrique.
Un intergroupe coopérateur SFCE (Société française de lutte contre les cancers et les leucémies de l’enfant et de l’adolescent) dédié à la cancérologie pédiatrique a été labellisé par l’Institut fin 2014 et en 2017. La labellisation est associée à un financement de 50 000 euros annuels afin d’aider à la structuration.
Cet intergroupe coopérateur a pour objectifs : 

  • le développement et la conduite d’essais thérapeutiques pour optimiser les traitements et tester les désescalades de dose, afin de réduire les effets indésirables des traitements ;
  • l’accélération et l’augmentation des inclusions d’enfants et d’adolescents dans les essais cliniques ; 
  • la participation au développement des essais cliniques multi-organes et aux projets de médecine personnalisée organisés par l’Institut ; 
  • le développement et la soumission de projets de recherche translationnelle aux appels à projets de l’Institut ; 
  • la contribution à la structuration de la recherche initiée et pilotée par l’Institut, notamment en aidant à mobiliser les chercheurs en cancérologie pédiatrique dans les programmes pluridisciplinaires.

Pour accroître la dynamique de recherche et renforcer les passerelles développées entre les disciplines fondamentales et translationnelles, l’édition 2016 du programme intégré de recherche sur les cancers (PAIR) a été dédiée aux cancers pédiatriques, en partenariat avec la Ligue contre le cancer et la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer a permis de soutenir trois projets à partir de 2017 pour un montant total de 5 047 000 euros (à parts égales entre la Ligue contre le cancer, la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer et l’Institut national du cancer).
Ce programme fait l’objet d’une réunion de suivi annuelle en présence des porteurs de projets et des partenaires, en plus du suivi habituel de l’Institut. La réunion qui s’est tenue fin 2020 a montré que la progression des 3 projets était bonne et en accord avec les jalons initiaux. Cependant, l’atteinte de certains objectifs a nécessité une année supplémentaire en raison d’un retard lié à la pandémie de Covid-19.

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